Comment trier sa bibliothèque

Si quelqu’un me proposait un service qui consisterait à ré-encombrer ma maison juste pour que je refasse le tri,  je pense que j’achèterai tout de suite (je crois que ce service s’appelle faire un 4éme enfant…tout compte fait, on est bien comme on est). Avant que notre grand-tri initial qui nous a mené au minimalisme ne commence (notre big bang à nous), je me trouvais assez balaise dans le domaine (en tout manque d’humilité), car j’ai toujours aimé ça, faire du tri.

Mais en commençant à lire sur le sujet, je me suis rendue compte que j’étais une petite joueuse et que j’avais de gros angles morts. Il y avait des catégories d’objets pour lesquelles le tri était clairement difficile, et comme beaucoup de gens, la catégorie la plus dure était les livres qui, pour moi, pouvaient échapper au tri car une bibliothèque pleine ne pose pas problèmes, ça a même un petit côté sympa. Sauf qu’en fait si, en réfléchissant, les livres m’en posaient des problèmes. En plus d’occuper de l’espace ils demandaient du temps pour faire les poussières, et surtout, beaucoup m’envoyaient un gros message culpabilisant : “tu ne m’as toujours pas lu alors que je suis un cadeau sensé te faire plaisir, tu es la pire des amies que la terre n’a jamais porté” (en toute retenue et subtilité)

J’ai donc décidé de faire face à mes propres mensonges (mais quel courage), comprendre ce qui me bloquait, pourquoi se débarrasser de livres était compliqué, et ni une ni deux, j’ai réussi à faire un vrai tri qui me paraissait au départ impossible. Voilà comment j’ai fait. 

L’état des lieux 

Je possédais une bibliothèque entière de livres dans ma salle à manger, une table base qui débordait de bouquins dans le salon, et plusieurs étagères pleines dans ma chambre.

Les mensonges que je me racontais

J’en avais une belle collection pour le coup. 

  • Non, ne donne pas celui-là, je vais le lire (mais bien sûr). 
  • Non, mais celui-là il est bien, je vais le relire (ah!ah!ah! A part les Harry Potter pour des raisons évidentes de magie, et Au Bonheur des Dames pour des raisons évidentes de jeune fille en fleur, je n’ai JAMAIS relu un livre). 
  • Non, celui-là je ne peux pas le donner, c’est un cadeau
  • Ah mais celui-là il fait joli dans ma bibliothèque. 
  • Un livre c’est un objet spécial, sacré.
  • Le mauvais œil s’abattra sur moi et mes enfants, il faut les garder.

Les vérités que je me suis forcée à entendre 

  • Si je n’avais pas encore lu ou fini un livre après plus de 6 mois, je ne le lirais pas. Il y a des erreurs de casting à accepter, (comme l’acteur de la deuxième saison de Spartacus). Il vaut mieux le donner et laisser quelqu’un d’autre croire qu’il le lira le lire. 
  • J’ai fait un vrai calcul basé sur le temps qu’il me fallait pour lire une page (j’ai un Bac Littéraire option maths, aucun calcul ne me fait peur).  Si je devais lire tous les livres non lus, ET relire tous ceux que je comptais relire, et ça avant même d’en racheter d’autres, mes enfants auraient le droit de vote avant que je ne puisse tout lire. Et si je ne trouvais pas le temps de laver ma bagnole plus de deux fois par an, j’ai douté pouvoir réellement faire face à cette abondance de pages.
  • Quand on m’offre un livre, on m’offre une histoire. Une fois cette histoire lue, il a remplit sa destinée de cadeau, pas besoin de le garder. Attention, phrase de 2002 en approche : Quand quelqu’un m’offre un DVD (je vous avais prévenu), il ne s’attend pas à ce que je regarde le film 45 fois non ? Ben pour un livre, c’est pareil. Une lecture suffit. 
  • Les livres qui font joli dans la bibliothèque, sont-ils vraiment là pour moi ? Est-ce que ce n’est pas un peu pour les autres au final ? Genre pour faire croire que je suis intéressée par plein de trucs comme l’histoire du vin à travers les siècles, alors qu’en fait le soir je ne le regarde même pas ce joli livre, je regarde Casa de Papel sur mon canap et pensant à ce qu’il reste dans le frigo à grignoter. 
  • Un livre, c’est juste du papier. Rien de plus. C’est l’histoire qu’il contient qui a de la valeur, pas le livre en lui-même. Pourrait-on aller jusqu’à dire que garder un livre après l’avoir lu, c’est un peu comme garder la boite du happy meal après l’avoir mangé, il a perdu de sa saveur ? (Vous avez deux heures).
  • Les livres attirent la poussière, et faire les poussières, c’est aussi intéressant que la saison 3 de Gossip Girl. Comme tout le monde, je veux un intérieur propre, mais je préfère faire autre chose de mon temps. Donc il faut alléger la bibliothèque. 

Résultats

J’ai fait un gros tri de départ, et comme pour les vêtements, j’ai affiné sur plusieurs semaines, retirant un livre à la fois à mesure où j’arrêtais de me mentir sur les raisons pour lesquelles je les gardais. A la fin, il n’en est resté que 5 (et oui Denis, moi aussi j’ai des catch-phrases de ouf). Je n’ai gardé que les livres qui m’ont tellement plu que je les prête (je marque même à l’intérieur le nom des gens qui l’on lu, et la date, je trouve ça sympa).  

Et le plus drôle dans tout ça, c’est que depuis notre grand tri, depuis que je n’ai presque plus de livres, je n’ai jamais autant lu ! Comme la maison est désencombrée, j’ai récupéré énormément de temps en rangement et ménage, et j’en dédie une grosse partie à la lecture. Et ça sans avoir à en acheter, je les emprunte à la bibliothèque et je me fais prêter les coups de cœurs de mes amies et de mes enfants (je vous conseille Ready Player One, le livre est vraiment bien. Merci enfant numéro deux). 

Bonus pour vous récompenser d’avoir lu jusqu’au bout, la liste des livres qu’il me reste: Le Club des incorrigibles optimistes de Jean-Michel Guenassia, Le gang des rêves de Luca di Fluvio, Daring Greatly de Brené Brown, The guilty feminist de Deborah Frances-White et Le grand guide de la Bretagne (merci encore Clément pour le joli poème écrit à l’intérieur). 


Pour aller plus loin


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2 commentaires sur « Comment trier sa bibliothèque »

  1. Ouf je ne suis/n’étais pas la seule. Après la lecture attentive de votre cheminement, et je m’y retrouve parfaitement dans les bonnes raisons de “ne pas”, je sais comment m’y re-mettre à ce tri de livres si difficile. J’ai déjà beaucoup, beaucoup donné, revendu pour quasi rien en brocante mais il m’en reste !!! J’ai stoppé le stockage : j’achète un livre, je le lis et je le revends (un peu moins de 10% de sa valeur) aussitôt via la reprise de livre (Furet du Nord). Prochaine étape, l’inscription à la bibliothèque du coin ! Il restera les BD des enfants devenus grands mais dans lesquelles mes petits enfants plongent, les ouvrages “professionnels” plus difficiles à donner, écouler … Merci pour vos messages super intéressant et motivant !

    1. Merci Marie-Françoise, votre message me fait vraiment très plaisir à lire et je suis contente d’avoir pu donner un second souffle à votre tri. Pas facile les livres ! Pour les ouvrages professionels, si vous ne trouvez personne pour les acheter, vous pouvez les donner soit à des bibliothèque, ou bien des Lycée, Collèges ou autre établissements pro, ils seront surement interessés. Si les ouvrages sont trop vieux ou obsolète, vous pouvez aussi juste les mettre au recyclage. Ca fait bizarre, mais ça ne reste que du papier. Bon courage en tout cas.

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